Jusqu'à la cimes des arbres...

Tchack, Tchack, Tchack ...

Cet arbre ne semblait pas si haut lorsque Galya, en contre bas, avait levé la tête pour l'escalader.

Tchack, Tchack, Tchack ....

Sans réellement avoir à forcer sur ses talents de contorsionniste, elle était déjà arrivée aux premières larges branches qui marquent la cime des arbres.

Tchack, Tchack, Tchack ...

Ses talents de télékinésiste et l'art de maîtriser ses kunaï étaient une bénédiction. Ici, elle s'en servait, grâce à sa concentration plus que travaillée, comme piolets et marches robustes. Une fois une lame plantée dans l'épaisse écorce de l'arbre, elle y mettait son pied; tandis qu'un autre un peu plus haut, planté profondément, lui apportait l'aide nécessaire pour se tracter; et le troisième, un peu sur le coté, était rattaché à sa fine ceinture, l'empéchant de basculer dans le vide. C'est ainsi, qu'en actionnant par la pensée ses trois outils, qu'elle pouvait grimper ce ligneux centennaire.

Tchack, Tchack, Tchack ....

Se protégeant les yeux de son avant bras, à chaque impact des lames sur l'arbre, une gerbe d'écorce se mettait à jaillir. Ses vêtements devenus poussièreux, et ses cheveux brillants d'où émergent quelques débris végétaux, ne faisaient que confirmer que l'ascenssion était des plus pénibles. Elle n'était pas tellement coquête, mais s'aimait propre sur elle et soignée. L'image compte beaucoup, bien évidemment, lorsqu'il s'agit d'accomplir à bien certaines missions.

Tchack, Tchack, Tchack ....

Encore un mètre monté à l'aide de ses trois kunaï. Une branche repoussée, un bel oiseau s'envolant à tire d'ailes, une blessure légère se figea sur l'avant-bras dénudé de Galya, sous l'effet de la surprise. Mais la jeune elfe n'avait pas le temps de songer à cette égratignure indolore, son but était de monter le plus haut possible, pour dominer la ville sylvestre, et elle y parvenait, avec une grâce que chacun envierait.

Tchack, Tchack, Tchack ....

Plus besoin d'utiliser ses kunaï maintenant, les branches étant assez épaisses et feuillues pour être des supports idéaux. Même si Galya chutaît, les coussins végétaux la supporteraient, juste sous elle.

Encore un mètre escaladé, et l'elfe peut enfin voir ce qu'elle désirait tant : une vue plongeante sur la ville. Sa besace posée près d'elle, contre le tronc, et elle, allongée de tout son long, sur une branche, elle admirait la vue directe sur cetaines maisons sylvestres.

" Bon, bon, bon, où se trouve donc ma proie ? Ils en exigent des efforts à la confrérie, pour une si simple mission ! ... Ou bien est-ce moi qui désire tant compliquer chaque ordre ? "

" Hmmmm... Ce gringalet en bas, serait-ce lui ? ", Galya met ses deux mains en arc de cercle au dessus de ses yeux sombres, afin de mieux apercevoir quelques habitants vaquer à leurs occupations ....

" Je pense que oui. D'ailleurs, quelle mission a t'on accordée à une voleuse telle que moi ? ", Galya envisagea la position assise pour lire la totalité de la missive, où était dictée l'ordre de mission de sa guilde : Os Noirs.

Nennia n’était pas vraiment de bonne humeur. Elle venait d’avoir un entretien avec l’une des plus riches elfes de Celestian et le moins qu’on puisse dire était que cela ne s’était pas très bien passé… Sa cliente avait en effet voulu que Nennia ait une vision de son futur. Mais ce don était capricieux et venait le plus souvent possible par hasard. Le problème était que la cliente en question ne faisait confiance ni aux tarots, ni à la boule de cristal. La jeune elfe avait donc eu recours à une panoplie d’encens et à sa concentration sans faille pour provoquer une vision. Mais rien n’était venu… Pas la moindre image, pas le moindre son, pas la moindre odeur… Sa frustration acheva de l’embrouiller, elle n’allait pas pouvoir satisfaire une cliente pourtant si importante. La dame avait dit comprendre que son don était plutôt aléatoire mais Nennia resta sur un sentiment d’échec. Elle avait fondu en mille excuses et prit congé, empressée de changer d’atmosphère. Elle se balada donc en ville promenant sa main droite sur les troncs des arbres jouxtant le chemin avant de se baisser devant l’un d’eux, intriguée par de la sciure. La voyante vit alors sur le tronc comme des traces de coups.

« Qui t’a blessé ainsi, mon pauvre ? » s’exclama-t-elle tout en caressant le tronc sinueux.

Tchack, Tchack, Tchack ...

Elle entendit un son et ferma les yeux pour se concentrer.

Tchack, Tchack, Tchack ...

Elle sentit l’odeur de la sève s’écoulant des blessures infligés à cet arbre.

Tchack, Tchack, Tchack ...

Elle vit une elfe grimper doucement à cet arbre en se servant de kunais.

Son don de vision ne l’avait finalement pas trompée, elle aurait dû insister un peu plus longtemps chez sa cliente. Se morigénant de cette faute, elle décida de se rattraper en se lançant dans une nouvelle bataille : parler à cette elfe que la vision lui avait montrée et lui apprendre qu’en Celestian, cité bâtie dans les arbres, il était mal vu de mutiler ainsi l’un d’entre eux. Quelle idée de monter ainsi ? C’était digne d’un humain sans foi ni loi… et non d’un elfe !

Levant la tête vers la cime de l’arbre, elle aperçut l’elfe de sa vision tranquillement assise sur une grosse branche.

« Héééé ooooh ? Il y a quelqu’un là-haut ? » interrogea-t-elle maladroitement.

Elle ne savait pas comment aborder sa congénère et s’était résolue à cette question idiote puisqu’elle en connaissait déjà la réponse.

« Héééé ooooh ? Il y a quelqu’un là-haut ? »


Galya haussa un sourcile, et décolla son nez de la missive cachetée. La jointure de ses phallanges devenaient de plus en plus blanches alors qu'elle serrait fort le parchemin, et une veine de contrariété zébra son front.

Glissant la lettre dans sa ceinture, elle jetta un oeil en bas et vît une elfette, les yeux rivés vers la cime de son grand arbre. Les sourciles froncés, elle s'était bien rendue compte que si l'inconnue restait trop longtemps par là, à parler aux arbres -même si cela resterait commun en ces lieux- la scène allait attirer du monde. Et c'était bien la dernière chose que Galya voulait en ce moment précis.


Galya secoua la tête, pris son air le plus amical, même si à cette distance l'inconnue ne le verait sûrement pas, et parla d'un ton neutre mais porteur, les deux mains en arc de cercle devant sa bouche :

" Ola, l'amie ! N'ayez crainte, je ne suis pas en danger ! "

Galya pensa tout bas : " Il faut vite que je trouve un mensonge bien ficelé, qu'elle gobbera aussi facilement qu'un oeuf dur ! "

" L'animal de compagnie d'un de mes amis s'est échappé par ma faute, j'ai bien peur d'être la seule à pouvoir le retrouver ! Vaquez, l'amie, profitez de ce temps agréable ! Ne vous embêtez point pour moi ! " Galya ponctua sa phrase d'un geste amical de la main, espérant qu'elle prenne cela pour un adieu. Et si cela ne s'avérait pas fonctionner, elle en profita pour ajouter une touche finale à sa petite comédie, grâce à ses pouvoirs innés de télékinésiste.

Se concentrant quelque peu sur une branche feuillue à l'opposé d'elle, Galya joua de sa télékinésie pour faire bruisser lentement la couverture végétale, puis força sur ses capacités pour que la branche bouge de façon ostentatoire. Galya ne faisait pas cas de l'elfe en bas, pensant que, même s'il n'y avait pas le soucis du détail, son petit jeu marcherait à coup sûr.

" Oh, par ici ! Il est par ici ! ", finira-t'elle par dire, en feintant la surprise. Ses talents de comédien étaient encore à travailler, mais il faut dire qu'avec ses atouts, il est bien plus facile de duper un homme qu'une seconde femme.

Galya se dressa sur sa large branche, se pencha sur son sac pour saisir la bandoulière de cuir, et, en quelques bonds, sauta de branches en branches, sans risquer sa vie, jusqu'à quitter son arbre, pour finir sa démonstration dans les branchages d'un arbre voisin. Galya avait l'habitude de faire ce genre d'exercice de toit en toit, mais d'arbres en arbres, c'était bien la première fois.

Galya s'échappa du regard de la fragile demoiselle en contrebas sans même lui lancer un dernier regard, ces mots là en tête : Plus pratique que la confrontation, l'esquive...!

Nennia porta les mains sur ces hanches et fit une petite moue en entendant la réponse de l’elfe dans l’arbre. Elle n’avait nulle crainte pour elle, elle connaissait l’aisance de sa race à escalader les arbres. Elle ne pouvait cependant pas rester de marbre pendant que l’un d’eux se faisait mutiler. Elle s’apprêtait d’ailleurs à répondre à sa congénère lorsque celle-ci la devança en reprenant vite la parole.

« Oh ? Mais de quel animal s’agit-il ?... Je peux sûrement vous aider ! » répondit Nennia, naïve et crédule comme d’habitude, oubliant temporairement sa contrariété vis-à-vis de l’arbre blessé.

Mais une fois de plus, sa question resta sans réponse. Une branche voisine trembla, faisant doucement bruiter les feuilles, tandis que Nennia tentait de voir de quoi il s’agissait… en pure perte bien évidemment !
Galya se releva, récupérant son sac au passage, et sauta de branche en branche jusqu’à ce qu’elle disparaisse de son champ de vue. La petite elfe attendit sagement que la « chasseuse » refasse surface mais il n’en fut rien. Les branches ne bougeaient plus non plus. Elle se déplaça à droite puis à gauche avant de revenir sur ses pas et de soupirer. Elle avait perdu la trace de sa congénère.

" Hey oh ! Vous êtes encore là ? » appela-t-elle, les mains en porte-voix. « J’aurais voulu vous parler de votre façon de grimper aux arbres."

Loin de se lasser, elle restait là à candidement espérer un mot en retour. Un elfe passa par le chemin sur lequel elle se trouvait et eut un petit reniflement dédaigneux en la voyant. Elle savait que certains la prenaient pour un charlatan, alors tout ceci n'allait pas en arrangeant son image. Elle devait passer pour une folle à parler ainsi aux arbres ! Nennia soupira de résignation mais n’osa pas envoyer balader le nouvel arrivant. Heureusement celui-ci passa son chemin… Il ne lui restait plus qu’à espérer qu’il n’aille pas prévenir quelqu’un de son comportement étrange !

Galya n'était pas loin, et n'avait pas disparue. Elle s'était tout cimplement camouflée sous le couvert végétal. Ignorant la jeune elfe qui 'parlait aux arbres', car elle ne voulait pas traîner dans ses pattes une fille qui pourrait faire capoter sa mission, elle s'aprêtait à s'éloigner, poussant de sa main agile une liane de lierre, lorsque parvint à ses oreilles cette phrase :

« J’aurais voulu vous parler de votre façon de grimper aux arbres."

Accolée à son nouvel arbre, Galya ne put s'empècher d'entendre cette phrase, et avec son égo enorgueilli, jeta un coup d'oeil vers l'elfette en bas, beaucoup plus loin qu'elle. Elle semblait seul, autant dans la vie que dans sa tête, à être jugée par les autres, comme le faisait cet elfe qui passait près d'elle. Galya soupira, haussa les épaules, et esquissa un petit sourire, et dans sa tête pensa :
" Bon, j'ai bien une demi-journée de libre, je ne suis pas pressée. Je vais rester avec elle, ça lui fera sûrement un grand plaisir d'avoir quelqu'un à qui parler.... Et puis je fais tout pour être seule moi aussi en quelque sorte, je pourrais faire abstraction de mes convictions pour un temps. "

Galya posa ses pieds sur des branches qui formaient un semblant d'escalier naturel, puis, une fois que le tronc se retrouvait nu de ses branches, se laissa glisser plus bas, dans une pluie de feuilles, jusqu'à attérir sur le toit d'une maison modeste bâtie contre le tronc de l'arbre, et rejoignant d'autres batisses par des passerelles surélevées. Maintenant accroupie sur ce toit aux poutres prohéminentes, mais bien évidence pour que l'elfe puisse l'apercevoir, Galya remua sa main pour capter son attention, puis, ses mains en porte-voix l'interpella :

" Oui, je suis là ! Et je pense que vous avez raison, vous pouvez m'aider, rejoignez-moi ! "

Elle montra la base du tronc en contrebas, et fit signe de se rapprocher. Le tronc était pourvu d'un escalier en colimaçon qui menait à la passerelle, cette dernière suspendue au dessus d'un passage peu emprunté par les riverains.

" Je vous attends sur la passerelle ! "

Nennia crut discerner des mouvements dans un arbre voisin et s’en approcha avec hésitation. Les feuilles bruissaient mais cela pouvait très bien être un oiseau… quoique… un oiseau faisant autant de remue-ménage devait vraiment être très gros ! Trop gros même pour être réel, pensa-t-elle en passant en revue les espèces qu’elle connaissait. Il s’agissait sûrement de l’elfe qu’elle avait aperçue.

« Tout va bien là-haut ? » ne put-elle s’empêcher de demander tout en se rongeant les ongles d’anxiété.

Cela faisait tellement de bruit là-haut que Nennia avait peur qu’elle ne chute dans sa chasse à l’animal. La jeune elfe avait beau écarquiller les yeux, elle ne distinguait rien et ne vit pas tout de suite Galya atterrir sur un toit voisin. Toute son attention était dirigée vers la cime des arbres. Soudain, une voix s’éleva sur sa gauche et elle se tourna automatiquement dans sa direction. Un grand sourire vint alors étirer ses lèvres en voyant Galya saine et sauve sur le toit d’une bâtisse.

« Contente de voir que vous n’avez rien ! Je vous rejoins tout de suite ! » s’exclama-t-elle tout excitée à l’idée qu’elle allait pouvoir se rendre utile.

Car non, Nennia n’avait pas beaucoup d’amis… Elle suivit le geste de la jeune femme et s’approcha du tronc et elle monta sans peur et sans reproche l’escalier en colimaçon. Elle hocha la tête pour signifier à Galya qu’elle avait compris et s’arrêta une fois sur la passerelle, admirant l’agilité de l’elfe sélénienne et curieuse de voir avec quelles acrobaties elle allait bien pouvoir la rejoindre.

« Alors ? Comment puis-je me rendre utile dans votre chasse ? » demanda-t-elle une fois qu'elle la rejoignit, croyant toujours à cette histoire d’animal égaré.

Galya jaugea l'elfette de haut en bas, une fois recontrées, avec un regard nouveau sur l'affaire. Un sentiment étrange l'envahissait lentement... elle avait l'habitude de voir les autres femmes comme des rivales dans son métier, et celle-ci ne manquait pas à la règle, bien qu'à ses yeux, la nouvelle venue n'avait aucun charme particulier. Son esprit était formaté pour accomplir ses missions plutôt qu'entretenir des relations sociales, et ses mots devront être justes pour ne pas s'aventurer vers des discussions qui pourraient mal finir pour l'une d'elle.

" Moi c'est Galya, tu me diras ton nom quand tu auras pris connaissance de notre 'traque'. ", commença par dire Galya, un sourire étrange figé sur son visage. Ce sourire n'était ni effrayant, ni chaleureux. Il était neutre, tout comme son allure, et son comportement. Tout semble modéré et contrôlé chez elle, alors que sa tenue pratique et ses cheveux brillants tirés vers l'arrière créent une coupure dans cette image de neutralité, faisant d'elle une personne quelque peu atypique.


Galya se souvenait avoir vu un oiseau élancé et coloré s'envoler par de gracieux battements d'ailes, lorsqu'elle était montée dans son arbre pour guetter l'individu de sa mission. Elle ne savait ni l'espèce, ni le type d'habitat et encore moins le mode d'alimentation de cet animal. Seule la couleur de ses plumes - turquoise - l'avait marquée. Ce volatile n'était pas très rapide en vol, mais assez vif dans son comportement.

Galya se racla la gorge et continua :
" Nous recherchons désormais un oiseau, de taille moyenne, proche des 40cm de hauteur. Ses plumes sont turquoises, avec des reflets argentés, et son corps est élancé, assez musclé. On le reconnaîtra par son profil très.. particulier. "

Galya s'arrêta quelques instants pour réfléchir à son gentil mensonge, et reprît, appuyée dos contre la corde de la passerelle sylvestre :
" Comme tu peux l'imaginer, ce n'est pas un animal de basse-cour, et il est même plutôt rare par ici. Il s'est échappé d'une volière. Il appartient à un noble qui saurait nous en faire un excellent prix si jamais nous le retrouvons. Il s'est envolé vers... le nord. "

" Qu'en penses-tu ? "

Nennia remarqua le regard inquisiteur de l’elfe sélénienne et se laissa faire sans un mot bien qu’elle en était assez mal à l’aise. Elle écarta de sa main droite une mèche de cheveux qui lui tombait dans les yeux et ne pouvait détacher son regard de Galya tant elle était fascinée par sa peau sombre et savamment maquillée, par ses vêtements pratiques mais élégants et par ses longs cheveux brillants. Nennia se sentit soudain ridicule avec sa toge blanche et ses sandales. Elle ne lui arrivait pas à la cheville… Le teint rouge, elle admira soudain ses doigts de pied, et ne releva la tête que lorsque Galya se mit à parler. La petite elfe fut ravie d’apprendre enfin son prénom mais s’étonna que celle-ci ne veuille apprendre le sien qu’une fois la traque annoncée. Mais soit ! Elle attendrait alors ! Nennia n’était pas contrariante. Elle se savait inférieure à pas mal de gens dans Celestian et ne cherchait plus à déroger à cet état de fait !

Galya se racla la gorge et Nennia était toute ouïe, concentrée comme jamais, buvant les simples paroles de son interlocutrice comme si elle avait affaire à de l’ambroisie. Elle admirait la jeune femme plus que de raison.

« Des plumes turquoises avec des reflets argentés… Cela devrait en effet être facile à remarquer… à condition qu’il n’ait pas déjà fui au loin… » commenta la petite elfe.
« Peut-être serait-il judicieux de notre part de nous équiper d’un filet, non ? » s’enquit-elle alors.

Galya enchaîna en lui disant qu’il s’agissait d’un animal issu d’une volière et qu’elles seraient grandement récompensées si elles parvenaient à le retrouver.

« Ce que j’en pense ?... Eh bien j’aimerais vous aider de tout cœur mais je ne sais pas grimper aux arbres comme vous… Je crains d’être un fardeau… A moins que vous ayez une idée sur l’aide que je peux vous apporter ? » murmura-t-elle en se sentant idiote et inutile.
« Si oui, je serais ravie de m’élancer avec vous à la poursuite de cet oiseau ! »

Elle hocha vigoureusement la tête et adressa à Galya son plus beau sourire.
« Ah au fait !.... Je m’appelle Nennia ! » ajouta-t-elle.

« Ce que j’en pense ?... Eh bien j’aimerais vous aider de tout cœur mais je ne sais pas grimper aux arbres comme vous… Je crains d’être un fardeau… A moins que vous ayez une idée sur l’aide que je peux vous apporter ? »

Galya sentait bien que la jeune elfe n'était pas sûre d'elle, car elle était hésitante dans ses propos, et ne se jugeait pas utile à autruis. Elle l'écoutait parler, sans dire un mot, puis réfléchit quelque seconde. Galya savait que sa façon de monter aux arbres n'était pas très élégantes, même si ces derniers se remettaient toujours de leurs multiples blessures qui lacèrent leurs troncs, mais jamais elle n'aurait dit à une étrangère qu'elle en était incapable. Elle préfère manipuler la vérité, plutôt que d'avouer une faiblesse. Cela marchait pour tout, et non pas seulement pour l'escalade de ligneux.

« Si oui, je serais ravie de m’élancer avec vous à la poursuite de cet oiseau ! »
« Ah au fait !.... Je m’appelle Nennia ! »

Galya sourît à Nennia en retour, toujours ce sourire de travers qu'elle arbore, voilant un peu ses réels sentiments, puis ajouta :

" Tu as parlé d'un filet. C'est une bonne idée. Il faudrait trouver non loin d'ici quelque chose de résistant qui puisse faire l'affaire. Je n'ai pas de cordes à disposition pour cela. As-tu une idée ? Une plante aux nervures solides ? des lianes résistantes ? les soies d'une quelconque bête géante ? Ce n'est pas évident.... Et tu peux me tutoyer. "

Galya posa ses mains sur ses hanches, puis regarda en contrebas de la passerelle... où était suspendu, dans une cour intérieure, du linge de maison immaculé. Elle devina un plan farfelu, et détourna son regard vers Nennia.

" Tu sais à quoi je pense ? Si oui, j'espère que tu es rapide. Si non, sache que ces draps feront une corde idéale pour t'aider à monter aux arbres, à défaut d'un filet dans un premier temps. Si quelqu'un arrive, je ferai diversion. "

« Quelque chose de résistant… » répéta Nennia, un doigt songeur posé sur ses douces lèvres.

Elle pensa d’abord au lierre des forêts mais comme son nom l’indiquait, il ne poussait que dans les Bois Lunaires et elles n’avaient pas le temps de s’y rendre. A chaque seconde qui passait, leurs chances de retrouver le fameux oiseau s’amoindrissaient… Elle passa en revue les plantes qu’elle connaissait mais aucune ne lui semblait assez résistante.
Elle fut en tout cas ravie d’apprendre qu’elle pouvait tutoyer Galya, c’était un premier pas vers une possible amitié entre elles deux même si à priori elles n’avaient pas grand-chose en commun…
Le regard de Nennia suivit celui de son aînée mais la vue du linge en contrebas ne lui apporta rien. Ses yeux croisèrent ensuite ceux de Galya et elle y vit danser une petite flamme d’espièglerie. Nennia lui sourit, se demandant ce qu’avait trouvé l’elfe sélénienne, et lui demanda alors sa complicité.

« Les draps ?... Vous… enfin tu… veux que je les vole ?! » chuchota-t-elle en jetant de petits regards nerveux à droite et à gauche de peur d’être surprise.

Mais que risquait-elle ? Ce n’était que des draps et si Galya montait la garde, que pouvait-il bien lui arriver ? L’elfe semblait savoir ce qu’elle faisait et Nennia y vit enfin un espoir de prendre du bon temps avec une personne de sa race et de son sexe. Cela lui ferait un souvenir excitant ! Elle hocha donc la tête, les yeux brillants et courut jusqu’à la cour en contrebas. Après avoir vérifié que personne ne regardait dans sa direction, elle enleva rapidement les épingles à linge et tira sur un côté du drap blanc. Il glissa doucement et elle le plia en quatre, revérifia qu’il n’y avait pas de témoin puis monta tout aussi rapidement rejoindre Galya.

« Voilà !... » annonça-t-elle son méfait avec un peu de fierté d’avoir su relever le défi. « J’espère avoir été assez rapide et efficace !... Que fait-on maintenant ? J’imagine qu’on lève le camp avant que la propriétaire des draps ne se rende compte qu’il lui en manque ? »

« Les draps ?... Vous… enfin tu… veux que je les vole ?! »

Galya se contenta d'acquiesser de la tête, ses mèches argentées gigotant en suivant le mouvement de son visage. Ses yeux pétillaient, elle venait de trouver une camarade de "jeu" qui se laissait facilement manipuler.... Galya ne voulait pas la mener à une mort certaine, loin de là, elle désirait juste tester ses limites et lui ouvrir les yeux sur la facileté d'accomplir des actions peu honorables.

En voyant la jeune elfe se précipiter dans la cour ouverte, Galya rigolait intérieurement de voir sa nouvelle complice tant se donner à la tâche. En plus, la situation n'était pas tellement gérable : la femme qui avait pendu le linge n'était vraiment pas loin de la scène du "crime", Galya la voyait à travers une fenêtre, de là où elle se trouvait. Heureusement pour Nennia, celle-ci était de dos.


Quelques instants plus tard, Nennia remontait avec l'objet du délis sous le bas, devant une Galya arborant un visage assez fier envers sa courageuse disciple.

« J’espère avoir été assez rapide et efficace !... Que fait-on maintenant ? J’imagine qu’on lève le camp avant que la propriétaire des draps ne se rende compte qu’il lui en manque ? »

" Tu as été plutôt douée, Nennia, mais si tu regardes par là bas, tu verras que la propriétaire de ce linge va bientôt se retourner et.... Bon, c'est trop tard ! " .

Galya prit la main de Nennia et l'entraîna rapidement plus loin, derrière un des larges troncs d'arbre qui servaient de logement pour les elfes, alors que des injures étaient portées jusqu'à elles.

" Nennia, n'aie crainte, elle ne nous retrouvera pas, tu peux mettre le drap dans ma besace si tu veux mieux le cacher. " Galya tendit son sac ouvert à Nennia, la bandoulière toujours autour de son cou, puis rajouta :

" T'as eu raison, il fallait rapidement lever le camp ! Maintenant, il faut se cacher et fabriquer un bon filet avec ce drap. Si tu as une idée pous nous cacher, je te suis. "

Nennia était aux anges lorsque Galya lui dit qu’elle avait été plutôt douée. Elle en était fière malgré l’acte contestable qu’elle venait de commettre. Elle suivit des yeux la direction indiquée par sa congénère et vit la propriétaire du drap se retourner. Aussitôt les battements de son cœur s’accélérèrent et elle se mordit la lèvre.

« Que va-t-on faire maintenant qu’elle nous a vues ?! » murmura-t-elle en blêmissant.

Mais à peine avait-elle posé sa question que Galya lui prit la main pour l’entraîner un peu plus loin. Cette dernière lui dit alors de ne pas se faire de soucis et l’invita à mettre le drap volé dans sa besace. Nennia ne voyait pas comment le drap rentrerait dans un si petit sac mais elle s’exécuta quand même, entassant le linge dans la besace comme elle le pouvait, pour le faire le moins possible ressortir.

Elle hocha la tête lorsqu’elle lui dit être à la recherche d’un coin tranquille et l’expression sur son visage s’illumina.

« On peut aller chez le vieux Eldwyn. Depuis son décès, plus personne n’habite sa petite barraque. Suis moi, je t’y conduis ! » se rappela Nennia qui était au courant de tous les coins et recoins de Celestian, faute d’oser sans éloigner.

La jeune elfe se mit à trottiner devant Galya, se retournant de temps en temps pour s’assurer qu’elle la suivait toujours, s’arrêtant enfin devant une vieille demeure en bois perchée dans un grand hêtre. Elle regarda alors à droite et à gauche, en haut vers les passerelles et en bas vers le petit chemin slalomant. Il n’y avait là nulle âme qui vive. Aussi Nennia posa la main sur la clinche de la porte et l’ouvrit sans qu’elle ne grince malgré le fait que plus personne ne passait par là. Elle fit signe alors à Galya de la suivre à l’intérieur, éclairé faiblement par le peu de lumière parvenant à filtrer à travers la crasse des vitres…

Galya avait rapidement suivi Nennia jusqu'à cette maison abandonnée, détournant son regard quelque fois de ses pas pour vérifier que la milice locale ne les poursuivait pas de plus loin. Un vol restait un vol, bien que l'objet de la convoitise ne soit ici qu'un drap blanc. Le seul tort que cela pourrait causer serait d'empêcher un couple de se couvrir cette nuit, et cette idée ne vaut pas une course poursuite armes au clair, c'est certain.

Une fois arrivées devant la maison logée dans cet hêtre intemporel, Galya semblait prise d'un doute.. Ce lieu lui paressait familier, pourtant elle n'y avait jamais posé les pieds de son vivant. Cela venait peut-être du logis en lui même... Abandonné, les fenêtres crasseuses... Galya devait parfois vivre plusieurs jours dans une telle situation, pour espionner un témoin génant, ou attendre une caravane aux coffres bien remplis.

Elle fit deux trois pas vers l'avant, pour rejoindre Nennia à l'intérieur. Ses yeux habitués à la semi-obscurité qui y régnait, elle vit sur le sol quelques élements de decoration renversés et couvert de poussière; adossée au mur, trois chaises dont une qui n'était pas poussièreuse; et sous la fenêtre aux carreaux recouverts d'une substance mélant poussière, graisse et moisissures, un large coffre en bois qui, lui, semblait neuf. Un gros cadenas en verrouillait l'accès.

Galya attendit que Nennia referme la porte, et s'assit sur le bord droit du coffre, laissant la chaise popre à Nennia. Peut-être venait-elle souvent ici ? Elle ne le savait pas, et hésita à lui poser la question... La chaise entretenue et le coffre presque neuf le confirmaient peut-être... Mais la présence du cadenas envahit rapidement les idées de Galya.

Elle prit le drap qui débordait de sa besace et le posa, plié, sur le coffre à côté d'elle. L'odeur parfumé et sa blancheur avait fait hésiter Galya à poser le drap sur le sol poussièreux.

" Tu viens souvent ici, pour t'isoler ? Et ce coffre, t'appartient-il ? Tu veux peut-être que je prenne une chaise ? "

Galya était interessée par la première réponse, car elle se retrouverait en elle, curieuse au sujet de la deuxième, et espérait ne pas devoir se levait au sujet de la troisième....


(hrp. désolé d'avoir improvisé la description du lieu )

(HJ/ Pas de soucis! )

Nennia regarda Galya déplier le drap qu’elles avaient volé, un sourire béat toujours collé sur les lèvres. Elle la remercia d’un léger mouvement de tête en la voyant lui laisser la place sur la chaise propre et s’assit, un peu nerveuse après son premier acte réprimandé par la Loi. Mais malgré cela, elle était toute excité, elle ne s’était plus amusée comme ça depuis des lustres! Elle remarqua vite les regards insistants de Galya vers le cadenas du coffre, elle-même s’étant souvent demandée ce qu’il contenait.

« Je viens ici régulièrement en effet… C’est calme, personne pour se moquer de mon métier. Et puis cette petite maison a un petit caractère intemporel. Je ne sais pas pourquoi mais je m’y sens bien, un peu comme si j’allais visiter mon grand-père... Je ne connaissais pourtant que très peu le vieil Eldwyn mais c'était un elfe apprécié et réputé. Bon par contre, je ne me sens pas assez chez moi pour oser remettre l’intérieur en état… D’où la poussière et les toiles d’araignée. » répondit-elle en réprimant un frisson d’horreur rien qu’en prononçant le nom de cet insecte qu’elle détestait tant.

Elle lissa un peu ses vêtements après cette longue tirade, comme si elle voulait justement en chasser une araignée trop opportune, puis releva un regard timide vers son nouveau mentor.

« Le coffre n’est pas à moi… Même si chaque fois que je viens ici, je m’interroge sur son contenu. » poursuivit-elle avec un regard brillant soudain d’espièglerie et de curiosité.
« Et nul besoin de prendre une chaise si tu es bien là où tu es."

Nennia osa lui faire un clin d’œil malicieux et rit doucement.

« J’avoue que je m’amuse bien avec toi, même si je meurs de peur qu’on nous rattrape pour un vol aussi insignifiant. Tu crois que la femme a eu le temps de voir nos visages? » s’enquit-elle un peu anxieuse.

" Tant bien même elle chercherait coupables pour ce vol, ne t'inquiète pas, elle présumera quelques morveux qui passeront par là. Les vols doivent être assez rares ici pour que la sanction soit.. drastique. "

Pendant qu'elle discutait, Galya s'était levée de son siège de fortune, puis elle se mit à genoux devant le coffre. Grand, d'un bois foncé qui ne semble pas avoir vieilli, aux charnières métalliques noires, il portait un cadenas peu complexe mais qui arriverait à décontenancer les amateurs qui auraient pour projet de l'ouvrir.

Pendant qu'elle tournait le mécanisme dans tous les sens, Galya continua à parler, sans regarder Nennia :

" Tu sembles dire que ton boulot est mal vu ? Pourquoi ? Quels sont tes talents ? "

Galya pris un de ses kunaï d'une main ferme, et commença à enfoncer la pointe de l'arme dans l'étroite serrure. Quelques rotations, une légère pression... un bout de la langue de Galya était tirée au bord de ses lèvres, et ses sourcils étaient plissés. Elle était concentrée par l'effort.

A la suite de sa précédente question, elle ajouta, comme pour conclure :

" En tout cas, tu devrais peut-être t'approrier ce lieu.. Et un petit peu le nettoyer. C'est un coin idéal, ces boules de poussière, pour les araignées " (elle appuya le mot 'araignée', comme pour affirmer son avis par rapport à ce lieu vétuste.)

Sa phrase était ponctuée par un cliquetis sonore. Le cadenas semblait dorénavant ouvert. Galya l'ôta du coffre, et le fit glisser vers un coin de la pièce. Elle se releva, et montra de ses deux mains le coffre libre d'accès. Visiblement, elle te proposait d'être la première à l'ouvrir, un petit sourire de fierté au coin de sa bouche.

Nennia fut soulagée d'entendre que le vol passerait sûrement sur le dos de garnements passant par là. Elle ne voulait pas d'ennuis même si elle culpabilisait un peu pour ces pauvres gamins qui n'y étaient pour rien! Mais se sachant saine et sauve, la jeune elfe se détendit enfin, étirant ses bras par dessus sa tête tout en bâillant.

Puis elle tourna sa chaise pour mieux faire face à Galya et fronça les sourcils en la voyant triturer le cadenas du coffre en bois.

"Dis... tu ne crois pas que l'on devrait le laisser tranquille?... Je veux dire... C'est un peu comme si on violait une tombe... Ca me met mal à l'aise même si j'en reste malgré tout curieuse!" hésita-t-elle à avouer de peur d'énerver sa congénère.

"Quant à mon métier, il a plusieurs aspects. J'utilise boules de cristal et jeu de tarot pour lire l'avenir... ou le passé. Mon pendule me sert à retrouver personnes ou objets perdus. Je peux également confectionner des philtres magiques. Mais c'est surtout lorsque je suis en transe que les gens parlent sur mon dos. Je crois que tout cela leur fait peur... Alors ils se moquent pour ne pas avoir à avouer leur ignorance. Mais cela reste blessant... Et c'est justement les gamins du coin qui m'en font voir de toutes les couleurs, me traitant de sorcière ou de monstre de la nature..." répondit-elle, le coeur gros, soupir s'échappant de ses fines lèvres.

Soudain elle se tut, remarquant que Galya était on ne peut plus concentrée sur le verrou du coffre, elle-même se triturant les mains, assez mal à l'aise.

"Non je ne pense pas... Cela ne serait pas juste de m'approprier cette petite maison... J'ai déjà un toit par dessus ma tête... Quelqu'un pourrait en avoir besoin un jour..."

Mais Nennia n'eut guère le temps d'approfondir sa réponse que déjà Galya était parvenue à ouvrir le cadenas.

"Ca alors! Ce que tu es habile!!! Comment tu as fait pour l'ouvrir aussi facilement?" s'exclama-t-elle en se levant de sa chaise.

Elle comprit au sourire de Galya que cette dernière l'invitait à l'ouvrir la première mais elle secoua doucement la tête.

"Sans toi, ce coffre serait resté fermé pendant des siècles!... A toi l'honneur!" affirma-t-elle d'un ton étonnamment décidé.

Pour être franc, Galya ne l'écoutait pas vraiment, mais elle acquiessa de la tête à chacune de ses phrases, pour s'attribuer le joli costume de l'amie interessée.... Elle ne voulait qu'une chose, c'était ouvrir ce coffre qui semblait bien dépourvu de réel possesseur, donc quand "A toi l'Honneur !" sortit enfin de la bouche de Nennia, Galya en fut comblée de joie... et elle l'exprima par un sourire malicieux.

Galya se mit à genoux, passa sa main le long du coffre... Le bois etait lisse, sans nervures, une très bonne qualité au toucher. Et au moment d'empoigner le battant, qui le tenait refermé jusque là, pour l'ouvrir et découvrir son mystérieux contenu, elle eut comme un instant d'hésitation. Cela était étonnant qu'un coffre de ce type n'ait pas été visité avant elles. Elle tourna la tête vers l'elfette :

" Tu prédis l'avenir ? Et tu n'as jamais entre-vu ce qu'il y avait dans ce coffre.... Tu ne sais pas s'il y a un glyphe magique qui m'exploserait à la figure, par hasard ? "

Le ton de Galya n'était pas soupçonneux envers son acolyte... mais plutôt curieux... non... en fait.. sincère... cela se sentait qu'elle avait déjà eu à faire avec quelques pièges de la sorte. Mais visiblement, elle n'en gardait aucune séquelle. Galya se redressa, et se tint légèrement éloignée du coffre, puis elle ajouta :

" Ne t'inquiète pas pour ta 'transe'.. si tu veux, je peux sortir de chez toi, le temps qu'elle durera. " Elle appuya son intonation sur le 'chez toi', afin que Nennia comprenne qu'elle devrait s'approprier le lieu inoccupé, avant qu'un vagabond bien moins sympathique ne s'en charge à sa place.

Cette phrase était une manipulation détournée, pour inciter Nennia à exploiter ses talents, pour se partager le butin du coffre... Galya n'esperait pas richesses et fantaisies, quant au contenu du coffre... Elle préfererait y trouver des objets pratiques....

Nennia fut ravie de voir Galya sourire lorsqu’elle lui proposa d’ouvrir le coffre la première. Elle avait bien fait, se dit-elle satisfaite même si elle mourait elle-même de curiosité. Elle regarda la belle elfe passer la main sur le bois, comme pour en apprécier la qualité mais ramassant sûrement plus de poussières qu’autre chose ! Pourtant elle sembla hésiter au moment de l’ouvrir. Elle se tourna d’ailleurs vers elle et lui demanda si le coffre était piégé.

« Je ne sais pas… Mon don est assez capricieux… Souvent je dois m’enfoncer dans une sorte de transe pour avoir une vision. Bref, j’ai souvent besoin de « matériel » pour provoquer cette transe… Mais même ainsi, il y a des choses qui échappent à mon contrôle… Je ne peux pas tout voir et tout savoir. Qui plus est, si tel était le cas, la vie perdrait tout son intérêt !... Je n’ai jamais entrevu ce qu’il y a dans ce coffre, désolée… Mais le vieil elfe qui y vivait n’était pas du genre méfiant, il ouvrait sa porte à tout le monde et je le vois mal piéger un coffre. » raisonna-t-elle tout en se tapotant rêveusement la joue de son index droit.

Galya se redressa et s’éloigna un peu du coffre avant de lui dire qu’elle pouvait sortir si cela la dérangeait qu’elle soit là pendant sa transe, affirmant en même temps qu’elle était chez elle. La petite elfe voulut protester puis regarda autour d’elle. Cette maison était plus grande que la sienne, elle était mieux exposée (plein sud !) et elle avait l’avantage de se trouver vers la périphérie de la ville, moins peuplée et plus « bourgeoise ». Mais Nennia secoua la tête. Elle refusait de s’approprier quelque chose qui n’était pas à elle. On ne parlait plus de simples draps mais d’une maison !

Elle n’avait pas trop envie d’utiliser son don mais elle ne voulait pas non plus décevoir Galya. Aussi sortit-elle de sa petite besace une craie blanche et traça un cercle aux étranges dessins sur le sol, juste devant le coffre. Elle se tint alors bien au milieu et croisa les mains sur sa poitrine avant de fermer les yeux. Elle prononça alors des paroles dans une langue depuis longtemps oubliée et le cercle devint lumineux, éclairant la petite maison d’une belle couleur azurée aux reflets de nacre. Nennia poursuivit ainsi pendant une paire de minutes, nullement gênée par la présence de Galya et finit enfin par rouvrir brusquement les yeux dont l’iris arborait à présent la même couleur que le cercle lumineux alors qu’elle baissait le regard vers le coffre.

« Un vieux livre épais… Une bourse… Une statuette en bois… Une dague de belle facture… » chuchota-t-elle avant que ses yeux ne reprennent couleur normale et que le cercle s’éteigne.

Elle se tourna alors vers Galya, un sourire collé aux lèvres, et sautilla sur place.

« J’ai réussi, j’ai réussi ! Tu as vu? » cria-t-elle excitée avant de se coller une main devant la bouche de peur qu’un passant ne les entende et ne vienne leur demander des comptes sur leur présence en ces lieux.

Quelques instants plus tard, elle eut envie de se gifler et son regard tomba au sol.

"Par contre j'ai oublié de vérifier pour le glyphe magique..." murmura-t-elle éhontée.

A sa dernière phrase, Galya semblait désarçonnée. Le coffre était peut-être piégé, mais au moins, le contenu en valait la peine, semblait-il.

" Au moins, tes prédictions n'auront pas été veines, nous savons ce qu'il ya dedans ! Tu es vraiment douée, Nennia. "

Galya ponctua sa phrase par un sourire.. mais nul ne savait s'il signifiait "bravo tes compétences sont formidables" ou "à moi le contenu du coffre" !

Galya s'approcha du coffre, se mit à genoux, et marmonna quelque chose entre ses lèvres, comme pour conjurer le mauvais sort, espérant un coffre non trafiqué par des mains expertes. Au pire, Nennia mourrait avec elle, et peut-être même l'ensemble de la ville. Dans ce cas là, sa mort en serait moins pénible, et elle rentrerait dans la légende à titre posthume !

Serrant des dents, plissant ses sourcils, Galya leva le loquet du coffre. Cet instant parut durer une éternité. Mais rien ne se produisit. Il ne semblait pas enchanté, ouf !

Dans le coffre se trouvait une couverture foncée et poussièreuse... Galya jugea que les reliques décrites par Nennia se trouvaient dessous ! Et d'un geste brusque, elle retira ce qui en cachait le contenu...


Pour tomber nez à nez avec un tableau orné de dorures, dans lequel s'illustrait au fusain un humain quadragénaire, assis sur une chaise devant une cheminée. Accroché en bandoulière au dossier de la chaise, un ceinturon portait une dague. Posée sur le rebord de la cheminée, se trouvait une statuette en bois finement sculptée. Sur les genoux de l'homme, un énorme livre trônait fièrement. Glissant hors de son veston, une bourse richement garnie.

Galya tourna sa tête vers Nennia, un rictus formé au coin de ses lèvres :

" Sacrées prédictions, hein. Voilà sûrement le propriétaire de ton logis. "

Galya se sentait un peu déçue par la tournure des évènements, elle voulait réelement compléter son inventaire de quelques objets magiques éventuels... Et au moment où elle allait décider qu'elle serait bien allée trouver la tombe de l'individu pour lui voler ses reliques, le but de leur "mission" première lui traversa l'esprit...

Elle avait réussi, semblait-il, à faire oublier à l'elfette le mensonge au sujet de la capture de l'oiseau étrange, mensonge qui avait amené à faire connaissance, et à découvrir cet endroit un peu à l'écart. Changeant d'orientation, afin de satisfaire son envie immodérée de découvrir en quoi ces objets auraient pu être mystiques (et oui, faut bien qu'ils soient imprégnés de magie, pour attirer l'oeil d'une telle prédiction, non ?!), elle joua sur la corde sensible de Nennia avec ces paroles :

" Nennia, tu avais raison, avant que cette maison ne soit tienne, il faudrait rechercher cet homme. "

Galya posa son index sur l'illustration, comme si elle essayait d'écraser un insecte imaginaire qui s'y était posé.

" Mais par où commencer ? Et qui est-il ? Surtout, un humain en ces lieux... "

Elle prit alors le linge blanc, qui aurait du servir de filet de pacotille pour atrapper cet animal imaginaire, et y emmitoufla la représentation de l'humain, hochant de la tête, signifiant qu'elle était sûre qu'il serait ainsi protégé.

Puis Galya prit la couverture qui se trouvait dans le coffre, sous laquelle était situé le chef d'oeuvre artistique. Elle se redressa, et la secoua à l'opposé de Nennia, pour éviter qu'elle ne reçoive quelques poussières ou débris du passé en plein visage... Mais plus que des poussières, un bruit métallique en sortit... Galya enroula négligemment la couverture sous son bras, et prit ce qui était tombé : une clé plutôt complexe, portant une insigne particulière, qui représentait un faucon argenté tenant entre ses serres un oiseau de plus petite taille, mort.

" La guilde des Postiers, je la croyais démentelée ", murmura t'elle entre ses dents.


(hrp. sorry pour les deux semaines sans réponses, avec ces grèves, j'avais les idées en vrac ^^')

(hrp pour un MJ : si j'ai pris trop de liberté avec ma dernière réplique, n'hésitez pas à supprimer ma phrase : " La guilde des Postiers, je la croyais démentelée ", murmura t'elle entre ses dents. )